L’Express

Cette étrange mansuétude de l’Occident à l’égard du régime iranien, par Arnaud Lacheret

Le guide suprême iranien Ali Khamenei le 18 février 2024 à Téhéran




Le 14 septembre 2019, le Golfe persique se réveillait sous le coup d’une double attaque visant l’Arabie saoudite : des installations pétrolières d’Aramco situées à Abqaïq et Khurais dans l’est du pays étaient en flamme, officiellement cible du groupe yéménite Ansar Allah, « les partisans de Dieu », plus connus sous le nom de « Houthis » en Occident.Ce qui surprenait les connaisseurs de la région, c’est que les attaques de ces islamistes chiites soutenus par l’Iran contre des installations saoudiennes étaient quasiment hebdomadaires depuis plusieurs années, mais jusqu’à présent elles causaient peu de dégâts. Très rapidement, on s’aperçut que l’Iran était en fait le véritable organisateur de cette attaque, notamment à travers ses milices présentes en Irak. Les brigades du parti de Dieu, connus sous le nom de Kataeb Hezbollah, sont, avec les Unités de mobilisation populaire (Hachd al Chaabi), les principales milices armées contrôlées par l’Iran qui de facto quadrillent le terrain en Irak et mettent le pays en coupe réglée.Outre les Houthis au Yémen, qui poursuivent tous les jours leur entreprise terroriste contre les navires circulant en mer Rouge et les milices en Irak, l’Iran est également présent militairement en Syrie où des milliers de pasdarans ou gardiens de la révolution, et de miliciens du Hezbollah libanais servent de supplétifs aux forces du régime et sèment la terreur dans le pays.En plus de ces théâtres d’opération, l’Iran est présent militairement dans un quatrième Etat du Moyen-Orient depuis les années 1980 avec le Hezbollah, « parti de Dieu », véritable gérant du Liban, qui a pris en otage sa population et conduit le pays à la ruine. L’Iran se sert du Liban pour déstabiliser Israël et les territoires palestiniens, par le biais de bombardements réguliers qui surviennent le plus souvent quand un dialogue politique semble devenir possible entre Israël et le monde arabe. L’Iran est également l’un des principaux fournisseurs d’armes et de roquettes de tous les groupes terroristes palestiniens, dont le Djihad islamique et le Hamas.Outre la déstabilisation active et continue de l’Irak, du Yémen, de la Syrie, du Liban, d’Israël et des territoires palestiniens, l’Iran est également très actif au Bahreïn où il est le principal financier et inspirateur des mouvements chiites qui ont cherché à renverser la monarchie en 2011 et continuent à entretenir un climat nauséabond dans certains secteurs du pays et bien entendu dans toute la province Est de l’Arabie saoudite, frontalière du Bahreïn.Une ingérence désormais africaineOn retrouve également l’Iran un peu plus loin au Soudan, où le régime fournit, d’après l’agence Bloomberg, des drones Mohajer 6 aux forces armées soudanaises du général al Burhan, alimentant la guerre civile qui l’oppose aux Forces de Soutien Rapide, la milice paramilitaire de Mohamed Hamdan Dagalo, alias « Hemeti », qui plonge le pays dans le chaos depuis des mois. Les drones Mohajer 6 servent également aux forces éthiopiennes pour bombarder les milices amharas et sont intensément utilisés en Ukraine par la Russie.Le rapprochement entre les mollahs et le régime soudanais, qui n’entretenaient plus de relations depuis 2016, date d’octobre 2023. Téhéran exerce depuis lors une action déstabilisatrice pour le pays, comme dans tant d’autres théâtres mondiaux, et éloigne les belligérants d’une résolution pacifique du conflit, en contribuant au chaos local. Le conflit fait par ailleurs faire peser un risque de déstabilisation sur le Tchad voisin, dont l’ethnie Zaghawa est présente dans les deux pays. Ainsi, au-delà de la déstabilisation hélas classique du Moyen-Orient, qui s’efforce de ruiner et de pourrir activement toute paix et toute prospérité dans la région, c’est désormais l’Afrique et le Sahel qui pâtissent de l’ingérence Iranienne.Au lendemain de l’attaque dont Israël a fait l’objet où 300 drones et missiles ont été lancés depuis l’Iran et le Yémen, des voix en Occident se sont immédiatement levées pour appeler à la retenue, à ne pas contribuer à faire escalader le conflit, voire à entamer une négociation avec le régime des mollahs. Face à ces discours, il n’est jamais inutile de rappeler les faits à propos de l’Iran.On ne parle pas d’un pays qui aurait fauté par accident, on parle d’un régime qui, sciemment et depuis des décennies, pratique l’ingérence armée dans plus de cinq pays, finance le terrorisme partout où il le peut et entretient des guerres civiles en Afrique. On parle du principal fournisseur d’armes de Poutine en Russie. L’étonnante mansuétude donc l’Iran fait l’objet de la part de certaines chancelleries occidentales doit être confrontée à l’interminable liste des exactions commises et financées par ce régime au quotidien et qui ne font que s’aggraver à mesure que nous lui montrons notre faiblesse.*Arnaud Lacheret est professeur à Skema Business School. Il a notamment publié « La femme est l’avenir du Golfe » (Ed. Le bord de l’aube, 2020)



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Publish date : 2024-04-24 18:51:14

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